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dimanche 11 septembre 2011

Manolo


C’est toujours trop tard ou trop tôt Manolo
Tu ne fais jamais ce qu’il faut Manolo
Manolo, Manolo.
1
Les femmes dansent autour du feu
Et l’on voit briller dans leurs yeux
Une flamme,
Une flamme
Qui vient réveiller la nuit
C’est un peu d’espoir qui luit
Comme un vent de liberté
Volé
Volé

C’est toujours trop tard ou trop tôt Manolo
Tu ne fais jamais ce qu’il faut Manolo
Manolo, Manolo, Manolo


2
On entend un cri d’alarme
Quelqu’un vient prendre des armes
Une lame, une lame,
Cherche sa proie dans la nuit
A peine un éclair qui luit
Une ombre est tombée sans bruit
Ami ?
Ennemi ?

C’est toujours trop tard ou trop tôt Manolo
Tu ne fais jamais ce qu’il faut Manolo
Manolo, Manolo.

3
Les enfants dorment près du feu
Les hommes s’éloignent un peu
Ils parlent
Ils parlent
De ton père emprisonné
Qu’il faut aller délivrer
Avant qu’il soit fusillé
“ Allez, venez... ”

C’est toujours trop tard ou trop tôt Manolo
Tu ne fais jamais ce qu’il faut Manolo
Manolo, Manolo.

4
Les flammes meurent peu à peu
Les hommes sont rentrés chez eux
Une femme
Une femme
Serre son enfant dans ses bras
Et jure qu’elle vengera
Ce fils tué par les soldats
Pour toi
Pour toi

C’est toujours trop tard ou trop tôt Manolo
Tu ne fais jamais ce qu’il faut Manolo
Manolo, Manolo.






Charles Valois Juil 1997

Une pluie de printemps



Une pluie de printemps
La noce est compromise
La météo fait des bêtises

Au lieu d'un grand soleil 
De Paris à Belgrade
Voilà qu'il tombe des hallebardes

Une pluie de printemps
Pense le paysan
C’est bon pour mes blés, pour mes champs

Ça fait pousser la mâche
Ça fait pisser les vaches
Et ça fait friser la moustache

Ça sent le bois mouillé
La terre détrempée
Les chaussettes au fond des souliers

Marions-les, marions les
Ils l'ont bien mérité
Marions-le, marions-les
Au cul du bénitier



Une pluie de printemps
La noce est toute grise
Elle se réfugie dans l’église

Où resté bien au sec
Un curé fort en bec
Les bras levés comme un Y grec

Leur dit : “  Cette pluie-là,
C’est Dieu qui nous l’envoie
Dieu qui nous connaît, qui nous voit

Pour qu’elle nous purifie
Qu’elle nous crucifie
Qu’elle nous ressuscite aussi

Qu’elle lave nos péchés
Qu’elle rince nos pensées
Qu’elle lessive nos cœurs blessés

Une pluie de printemps
C’est un second baptême
Que Dieu vous bénisse Amen


Marions-les, marions les
Ils l'ont bien mérité
Marions-le, marions-les
Au cul du bénitier

3
Une pluie de printemps
La noce se trémousse
Y'a ceux qui tirent et ceux qui poussent


Sitôt que la messe est dite,
Tout le monde veut prendre la fuite
Avant d'attraper une bronchite

Armée d'un parapluie,
La belle-mère en furie
Les ramène sur les parvis

Remontez illico
C'est l'heure de la photo
On n'est pas chez les parpaillots


On dirait la réplique
A l'opéra comique
Des naufragés du Titanic


Marions-les, marions les
Ils l'ont bien mérité
Marions-le, marions-les
Au cul du bénitier

4
Une pluie de printemps
La noce est en déroute
Tout le monde court à travers les gouttes

Le maris vient de paumer
Les clefs de la Cadillac
Ses lunettes sont au fond d'une flaque 
Perdant toute dignité
Se battent avec du riz mouillé

Le marié a paumé
Les clefs de la Cadillac
Ses lunettes sont au fond d'une flaque

La mariée dégouline
Depuis le temps qu'elle détrempe
Sa robe est devenue transparente

L'enfant de choeur est aux anges
Il n'est croit pas ses yeux
Il s'est remis à croire en Dieu


Le curé s'est torché
Au Lacrima Christi
Il ronfle au pied du crucifix


Marions-les, marions les
Ils l'ont bien mérité
Marions-le, marions-les
Au cul du bénitier

C.V.100589



MARIE-JEANNE EN SEPTEMBRE

Un homme mows une herbe avec une faux sur pré vert. Septembre, journée ensoleillée Banque d'images - 5064551



1
Marie-Jeanne s’endort dans l’herbe
Au soleil de septembre, au soleil de septembre
Elle a dégrafé son corsage
Un nuage
Ingénu
A tout vu

2
Puis elle s’est couchée dans l’herbe
Au soleil de septembre, au soleil de septembre
Voilà qu’elle fait un rêve étrange
Un bel ange
Presque nu
L'emporterait vers l’inconnu

3
Si loin de son petit coin d’herbe
Dans le ciel de septembre, dans le ciel de septembre
Et là, dans le creux d’un nuage
Il la serre
Il l'enlace
Il la caresse, il l'embrasse


4
Marie-Jeanne rêvait dans l’herbe
On dirait, c’est étrange, on dirait c’est étrange
Qu’elle en a fumé de l’herbe
Au soleil de septembre,
Marie-Jeanne en septembre

Charles Valois 1997-2011

Sans savoir pourquoi



Sans savoir pourquoi
Il a pris ce livre à peine entrouvert
Il l'a refermé. Il l'a repoussé.
Puis il s'est levé. Il a marché vers
La porte qui claque et par tous les temps
Le volet battant. Et il les a clos
Tiré les rideaux. Baissé la lumière
Eteint la radio. Fermé les paupières.
Sans savoir pourquoi.

Et soudain voilà.
Tout est revenu. Les jeux d'autrefois.
Courir dans les bois. L'eau de la rivière.
Comme elle était fraîche. Le son de sa voix
Comme elle était claire, ses éclats de rire,
Un ruisseau qui chante au milieu des pierres.
Le coeur qui chavire. Il voulait lui dire
Mais il n'osait pas. Sans savoir pourquoi.



Sans savoir pourquoi
Il a renversé ses livres par terre
Ca ne sert à rien. Les histoires des autres.
Quand on n'y croit pas, qu'on n'a plus la foi.
Qu'on se voit tout seul descendre aux enfers.
Sur les bords du fleuve. Il n'y a rien à faire.
Rien que cette eau noire qui coule en passant
Sous le Pont des Arts, le pont des amants
Sans savoir pourquoi.

Charles Valois 22 juil 2011