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samedi 18 février 2012

Schizofrère

Frère schizo, schizofrère
Quand nous avons brisé nos chaînes
Echappés du jardin d'Eden
Tous les anges du paradis
Nous ont maudits

Ils se cachaient dans les nuages
Pour mieux nous cracher au visage
Des insultes et des maléfices
Au nom du Père au nom du Fils

                 *

Frère schizo, schizofrère
Ils nous ont volé nos mystères
Quand nous rêvions le nez en l'air
En silence ils se sont glissés
Dans nos pensées


Ils ont cru avoir découvert
Les secrets de notre univers
Ils ont truffé de sentinelles
Les portes de nos citadelles

                *

Nous sommes faits du même sang
Des assassins des innocents
Nous sommes les fils de la lumière
Jetés à terre

Nous vivons sur d'autres planètes
Perchés sur le dos des comètes
Nous trouvons votre territoire
Un peu bizarre

         *

Frère schizo, schizofrère
Du fond de nos prisons de verre
Nous voyons le monde à l'envers
De l'autre côté d'un miroir
Repeint en noir


Ils ont voulu nous prendre au piège
Dans des cages, dans des manèges
Mais nous avons trouvé la schize
L'arme absolue, la faille exquise

                   *


Nous sommes faits du même sang
Des assassins des innocents
Nous sommes les fils de la lumière
Jetés à terre

Nous vivons sur d'autres planètes
Perchés sur le dos des comètes
Nous trouvons votre territoire
Un peu bizarre

CV fév 2012

lundi 6 février 2012

Je vous salue ma rue


Je vous salue ma rue par un matin d'automne
Quand on n'y croise encore personne
Que des femmes qui nettoient les couloirs du métro
Juste avant qu'on lève le rideau


Sur des histoires de loose, celles des enfants des villes,
Qui ne sont pas nés du bon côté
Qui vont trimer leur vie pour gagner des broutilles
Jour après jour, hiver, été

On les voit s'entasser dans les bus les métros
Sans un regard et sans un mot
Et sans autre horizon que de marcher courbés
Pour ne pas voir les hommes tomber

Tomber comme un chômeur ne croit plus en rien
Qui voudrait tant, qui voudrait bien
Tombés comme un faux-pas, comme le gosses des cités
Sur qui les murs se sont fermés

Je vous salue ma rue pleine de galères
Je vous salue ma rue pleine de galères
                   *           *
                         *

Je vous salue ma rue quand le jour disparaît
Sans un soupir sans un regret
Quand les chiens sans collier sortent de leur cachette
Poussés par la faim qui les guette

On voit les filles de joie sur un bout de trottoir
Attendre des amants d'un soir
On entend un ivrogne qui titube et qui tombe
En crachant des insultes au monde

C'est l'heure où les lascars marquent leur territoire
L'heure où s'écrivent les romans noirs
Sur le pavé des villes dans le fond des ruelles
Où les clochards traînent la gamelle

Quand dans les bidonvilles on éteint la lumière
Pour chasser le froid de l'hiver
Quand la nuit est venue sans apporter la paix
A ce petit peuple discret

Je vous salue ma rue pleine de misère
Je vous salue ma rue pleine de misère

                *            *
                      *

Je vous salue ma rue quand le printemps renait
Et qu'il prend des accents de mai
On se parle à nouveau on rouvre les fenêtres
On se tutoie sans se connaître

On se réveille enfin après un long silence,
Il flotte en l'air comme une urgence
Une rage venue des quartiers populaires
Qui couvait là sous la misère


Une envie de crier qu'on est encore vivant
Une envie d'aller de l'avant
Voilà que de partout ça court, ça se libère
On brandit des poings des bannières


Et tant pis pour les gaz et les canons à eau
Pour les chars ou les hélicos
Tant pis si ceux d'en face n'ont rien d'autre à répondre
Aux cris de la foule qui gronde

Je vous salue ma rue pleine de colère
Je vous salue ma rue pleine de colère



CV janv 2012