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jeudi 21 juillet 2016

Trois petits singes


Nous reviendrons bavarder avec ces trois petits singes du bout du mur. Ils ont des gueules bien sympathiques. On se sait pas s’ils sont gibbons, macaques ou chimpanzées. Non, chimpanzées non. Ils ne nous ressemblent pas assez ou alors c’est nous. Ils sont venus nous voir tout de suite, comment sont-il arrivés là ? Sont-ils descendus des arbres ? Sont-ils tombés du ciel ? Car on ne monte pas comme ça sur le mur de la présidence de la République, il y a des tessons de bouteille partout, pour empêcher que le peuple n’aie l’idée d’escalader. Bien sûr, il n’y a plus personne maintenant, mais elle est gardée.  


Eux n’ont pas eu peur, ils sont venus nous voir et nous parler. Ils voulaient savoir qui nous étions, ce que nous voulions. Nous ne sommes  pas du quartier. Ca les intéressait beaucoup. Ils nous regardaient avec des yeux écarquillés en se lissant la barbe du plat de la main. De là-bas, nous venions de là-bas, au délà de la ville ? Oui-oui.  Nous comprenions bien ce qu’ils disaient, tout ce qu’ils disaient. Il fallait qu’on leur raconte.


Oui, mais pas maintenant. On allait revenir, promis, juste pour eux. Là, il fallait qu’on prenne le bus 48 jusqu’à Démocratie. Qu’on y dépose des bougies. Qu’on écoute chanter des chants guerriers, des chants de larmes : “montez de la mine, descendez des collines, camarades”.  Et jeter des fleurs de cerisiers le long du cortège, sur les gens, sur la mer, sur la promenade. Après, nous reviendrions bavarder après avec les trois petits singes.

Car il n’est plus temps de se taire. Ni de fermer, les yeux. Ni les oreilles.




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