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dimanche 24 avril 2016

NUIT DEBOUT !



Debout comme un enfant qui commence à marcher
Debout comme un voilier qui danse sur la mer
Debout comme le vent qui souffle la poussière
Ou debout comme un coq tout en haut d’un clocher


Debout comme un oiseau sur la plus haute branche
Comme un signet posé sur la page d’un livre
Comme un temps suspendu, debout comme un dimanche
Où l’on n’aurait rien d’autre à penser que de vivre


Debout comme un fanal qui brille dans la nuit
Et guide les marins dans des déserts immenses
Debout comme un chômeur lorsqu’il rentre chez lui
Et se dit que demain une autre vie commence


Debout comme un enfant qui écrit sur les murs
Debout comme le vent dans le dos d’un voilier
Comme un souffle qui parle, une voix qui murmure
Comme un arbre qui pousse et devient des milliers


Comme un peuple à genoux qui redresse la tête
Et renoue dans ses mains les fils de son histoire
Il ne sait pas encore s’il va vers la victoire
Mais il marche debout et plus rien ne l’arrête


Debout toute la nuit, debout comme un hibou
Debout sur le pavé et debout sur la place
Retrouver des amis pour le temps qu’on y passe
Et juste se parler. Vivre debout. Debout !

Charles

samedi 16 avril 2016

Omission



C’est pas qu’il n’aimait pas l’école
C’est plutôt qu’il avait envie
D’aller traîner un peu ses grôles
Loin du berceau dans la vraie vie

Autrefois c'était à l'armée
Que les gosses allaient s’encanailler
Crapahuter par groupe de sept
Respirer l'odeur des chaussettes

Et quand arrivait la bleusaille
On voulait jouer les fiers à bras
Qu’ont pas de respect pour les médailles
Qu’ont peur de rien, qui ne saluent pas


« Et ben je m'en vais te coller au trou »
Fait le capitaine. “Pas de ça chez nous,
Ceux qui veulent jouer les pignoufs
Finissent au gnouf”

« J'ai pêché par omission »
Disait le troufion
« Un coup de raquette et c’était bon !  »

*****************
Sitôt défroqué du drapeau
Il a fréquenté les barbeaux
Il traînait dans le fond des bas-fonds
Pour refaire son  éducation


Il prenait l’accent  des faubourgs
C'est facile de virer voyou
Quand on vit à l'heure des hiboux
Jamais couché avant le jour

Qu'on joue avec les chats de gouttière
Qui paient des Mercos en liquide
Et qui vous mettent sur une affaire
Parce qu’il faut toujours un stupide

Quand on entend sonner le clairon
Gare à celui qui court moins vite
Y’en a un qui sera pour les schmitts
Et l’autre qui va garder le pognon

Faut pas marcher dans la combine
Quand on n'est pas de la même usine.
Au grand jeu du chacun pour soi
Les caves ne feront jamais la loi


« J'ai pêché par omission »
Disait le pigeon
« Fallait pas toucher les bifetons »
*****************************


Aux jeux de l'amour et du hasard
C'est les héros qui sont tricards
On a trente ans, on s'en croit vingt
On n’a pas vu passer les trains

On brûle sa vie par les deux bouts
Jamais deux nuits dans le même lit
Jamais le temps de refaire son nid
Ni de passer la corde au cou

Et puis un jour on tombe sur une
Qui a ce quelque chose dans les yeux
Comme un oiseau dans un ciel bleu
Comme dans la nuit un clair de lune

Et pas le temps de compter jusqu’à quatre
On se retrouve un fil à la patte
Un jour elle pleure dans son giron
Qu’elle veut qu’il lui fasse un lardon

Oui, mais pas lui, c'est pas son heure
Alors il file comme un voleur
Et voilà que des années après
Devant son verre de beaujolais,


« J'ai péche par omission »
Disait le garçon
« J'aurai dû l'aimer pour de bon »


* *
*

C’est pas qu’il n’aimait pas l’école
C’est plutôt qu’il avait envie
D’aller traîner un peu ses grôles
Loin du berceau dans la vraie vie